Le Sénégal a célébré hier la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté. Sur ce, Mame Safiétou Djamil Gueye, spécialiste principale en développement social de la Banque mondiale, a animé à Dakar un panel sur le thème : « Inclusion sociale des personnes vivant avec un handicap ».
« Nous avons noté des progrès mais il reste beaucoup de choses à faire, surtout la loi d’orientation sociale sur les personnes vivant avec un handicap », a déclaré le président de l’association handicap.sn, Khadimou Rassoul Talla. Pour lui, si on ne vote pas cette loi, le décret ne peut pas être effectif. Sur les dix décrets d’application, il y en a seulement deux qui ont été signés, à savoir la carte d’égalité de chances. A l’en croire, sur ce dernier point, il y a des problèmes car lors du lancement de la carte d’égalité des chances le 30 avril 2015, le Président de la République avait dit que 50.000 cartes seront données d’ici 2017. Actuellement, moins de 36. 000 ont été distribuées. Se basant sur le rapport de l’ANSD, Khadimou Rassoul a indiqué que le taux de personnes vivant avec un handicap est de 5,9%, environ 850.000, voire 900.000 handicapés. « Si on donne seulement à 50.000 personnes, c’est une autre forme de discrimination. Nous voulons qu’on donne la carte à tout le monde », a-t-il martelé. Pour ce dernier, il faut que l’on revoie « nos » stratégies car il y a un manque de volonté politique vis-à-vis des personnes handicapées. Concernant le recrutement dans la fonction publique de 2013, M. Talla a avancé que sur les 5592 personnes recrutées, il y avait environ 20 handicapés. Actuelle, dans la base de données du projet sur l’emploi des personnes handicapées de l’ONG handicap international, il y a plus de 500 personnes handicapées qui sont à la recherche d’une fonction.
5,9% souffrent d’handicap au Sénégal
D’après Mame Safiétou Djamil Gueye, spécialiste principale en développement social de la Banque mondiale, animatrice du panel sur le thème : « Inclusion sociale des personnes vivant avec un handicap », le sens de l’innovation et l’esprit d’entreprise peuvent aussi contribuer à aider les personnes vivant avec un handicap à sortir de la pauvreté et de l’exclusion. Ainsi, elle a noté qu’au Sénégal, sur une population de 13 508 715 habitants (ANSD, RGPHAE, 2013), la prévalence du handicap est de 5,9%, ce qui signifie que 59 Sénégalais sur 1000 souffrent d’un handicap quelconque. Les femmes sont plus concernées. Les handicaps moteur et visuel étant les plus répandus avec 1,5%. Toutefois, dira Mme Gueye, l’exclusion sociale basée sur des attributs peut entrainer une diminution du statut social, l’accès à l’emploi et aux services de participation à la prise de décision aux niveaux local et national. La société actuelle crée de nouveaux exclus et surtout de nouveaux vulnérables en fonction des conditions de vie, d’apprentissage et d’éducation qui entourent les plus jeunes. Et d’ajouter que cette vulnérabilité accrue affecte ceux qui étaient auparavant intégrés, mais aussi ceux qui n’ont pas encore commencé leur processus d’insertion sociale et professionnelle. Au-delà de la volonté politique affichée par le Chef de l’Etat et son gouvernement, l’applicabilité demeure toujours problématique avec la non-prise en compte effective de la personne vivant avec un handicap dans les différentes politiques élaborées et mises en œuvre par l’État. Selon elle, le sens de l’innovation et l’esprit d’entreprise peuvent contribuer à aider les personnes vivant avec un handicap à sortir de la pauvreté et de l’exclusion. « Au Sénégal, les personnes handicapées se sont organisées en différentes associations. Elle revendiquent une plus grande participation aux processus politiques et à la prise de décision, a une meilleure inclusion et considération de leurs droits », a conclu la spécialiste principale en développement social.
Zachari BADJI (www.rewmi.com)