Ils dénoncent plusieurs agressions dont la marginalisation, la discrimination et la stigmatisation au sein de la société Sénégalaise.
En prélude de la journée mondiale dédiée aux albinos, prévue le 13 de ce mois, une conférence de presse a été organisée hier à Dakar par l’Association nationale des albinos du Sénégal (Anas). Elle dénonce plusieurs agressions dont la marginalisation, la discrimination et la stigmatisation au sein de la société Sénégalaise.
Ils ne sont certes pas tués et donnés en sacrifice comme ailleurs sur le continent africain, mais les albinos du Sénégal n’en dénoncent pas moins plusieurs maux. Ils se disent victimes de marginalisation, discrimination et exclusion. ‘’Nos droits sont bafoués’’, fulmine d’ailleurs Mouhamadou Bamba Diop, président de l’Association nationale des albinos du Sénégal. L’expert international en albinisme explique que, dans certaines familles au Sénégal, les membres isolent l’albinos malade de cancer ou qui a des plaies sur son corps.
Que dire de certaines croyances qui les exposent ? ’’Au Sénégal, on commercialise les cheveux d’albinos. Quand je me coiffe, je récupère tous mes cheveux, car je ne veux pas qu’on l’utilise à d’autres fins. Aussi nous sommes agressés.
Des jeunes subissent des tentatives d’enlèvement. D’autres sont victimes de meurtre’’, dénonce-t-il. Certains guérisseurs, poursuit-il, recommandent à leurs clients de trouver des organes (langue, tête, doigt) d’albinos pour devenir riches.
Le président souligne aussi la question de l’insertion dans le milieu du travail et leur intégration dans la société. ‘’Dans notre association, on me signale que des membres, qui ont fini leur formation et ont déposé dans certaines sociétés ou entreprises, voient leurs dossiers rejetés ; ou même, ils ne sont pas reçus en entretien. Les gens ne veulent pas recruter des albinos’’, se désole-t-il. Trouver un stage leur est difficile. Aussi, Mouhamadou Bamba Diop remet-il en cause ’’la téranga sénégalaise’’.
‘’Très rare de voir un albinos vivre plus de 50 ans’’
Selon les chiffres livrés, 98% des enfants albinos font face à des obstacles liés à l’accès à l’éducation et à la santé. Ils sont souvent confrontés à des problèmes de vision et ont des taches sur la peau. ‘’On ne peut laisser mourir les albinos sans soins. C’est très rare de voir un albinos vivre plus de 50 ans, car ils ont des maladies comme le cancer de la peau et des infections. Une prise en charge couteuse fait qu’ils décèdent très tôt’’, dit-il.
Bamba Diop signale qu’il traine des séquelles du cancer, mais, grâce à des ONG étrangères, il se soigne gratuitement. Ses ordonnances peuvent aller de 150 000 F Cfa à 200 000 Cfa. Ainsi, il déplore un manque de médecins spécialisés du cancer de la peau. Il en appelle à la responsabilité de l’Etat pour leur venir en aide, pour au moins subventionner certains médicaments.
‘’Sur 10 catégories d’albinisme, 8 sont présentes au Sénégal’’
Au cours d’un voyage aux Etats-Unis, en 2000, Mouhamadou Bamba Diop dit avoir mené des recherches avec des scientifiques. Il a découvert qu’il y a dix catégories d’albinisme, dont les huit sont présentes au Sénégal. ‘’Cela nous a permis de contredire ceux qui disent que l’albinisme est une malédiction. Que les albinos sont porteurs de pouvoir surnaturel. Tout cela n’est pas fondé. La transmission de cette maladie se fait par gène’’, renseigne-t-il.
Selon ses révélations, le gène peut sauter 4 à 5 générations dans une famille. ‘’Quand deux sujets se rencontrent et que chacun est porteur de gène de l’albinisme, c’est fort probable qu’ils aient un enfant albinos’’, révèle Bamba Diop. Selon lui, 30% de la population albinos sont analphabètes. Il demande un soutien favorable pour le financement d’activités génératrices de revenus.